J'ai bu mon dernier petit noir au comptoir à la gare hier soir.
Chaque jour, j'y croisais la dame de la bibliothèque, l'homme de chez Bruhy, le chef de bord entre deux trains, le pressé qui s'envolait avec son gobelet, le prévoyant qui arrivait à l'avance, le paumé qu'on sentait arriver, l'exubérant qu'on entendait arriver, la petit dame au verre de bordeaux, le chauffeur de taxi entre deux courses, la marchande de journaux qui surveillait son kiosque du coin de l'oeil, le chef de gare (on 'a l'impression qu'ils sont tous chefs), l'homme aux deux demis d'affilée, la dame qui chassait inlassablement les traces sur les vitres, sur le sol,... et des centaines d'autres.
Entre habitués, on s'y saluait, on s'y serrait la main, on s'y échangeait quelques mots, on y feuilletait le journal, on s'y inquiétait dès qu'il manquait quelqu'un. On n'avait même pas besoin de commander. Le café avec sucre, sans sucre, avec sucrette arrivait sur le comptoir à peine le temps d'y poser le coude.
Fini le petit café pour se donner quelques minutes de "bon" avant de pédaler les jours de pluie ou de grand froid.
Fini le petit café pour se réchauffer après avoir pédalé sous la pluie ou dans le froid.
Fini le petit café du petit matin, du midi, du soir.
Fini le petit café offert de temps à autre aux bons clients.
Quai N°1 ferme définitivement ce week-end. Le kiosque à journaux-tabac sera, quant à lui, réduit le temps des travaux.
On trouvera à partir du 14 février un Monop'station (voir aussi ce mot sur votre mOOteur de recherche).
Ce magasin permettra aux voyageurs de trouver le café croissant du petit-déjeuner, des salades et des sandwichs pour le déjeuner - au côté de produits alimentaires de dépannage (pâtes, œufs ou plats cuisinés,..) et même non-alimentaires (parapluies,brosses à dents, magazines,...).
Les tasses auront disparu, irai-je y boire mon petit noir en gobelet ? En attendant, vais-je glisser une ou deux pièces dans la fente d'une machine pour boire mon petit café matinal dans un gobelet en regardant distraitement le pâle reflet d'un vieux moustachu dans les vitres et les surfaces brillantes des distributeurs automatiques ?
Si vous voyez mon vélo devant le café de Morcourt, c'est que je préfère les tasses aux gobelets.
Pour être plus sérieux : les employés du kiosque et les serveurs du bar seraient repris sur place par le nouvel employeur.