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Le blog d'Essigny-le-Petit

Les nouvelles de la commune d'Essigny-le-Petit

Un coup de main en octobre 1943 par Raymond Bazin

Publié le 25 Janvier 2016 par jphb

Je tiens également à vous signaler qu'en octobre 1943 (je ne peux pas préciser la date) un coup de main s'effectua à Essigny contre le poste des G.M.R. - gardes-voies en uniforme orné de la francisque- les casquettes plates comme nous les appelions alors.

Charlot la Terreur

Ceux-ci avaient établi leur P.C. dans une maison inoccupée, au carrefour de la rue principale avec la rue de Fontaine-Uterte face à la maison actuelle de mon ami Henri VASSET (compagnon de Rhin et Danube). Effectif d'environ 14 hommes faisant les 3/8 sous les ordres d'un petit con prétentieux, agent de la Gestapo : Charles Meurisse, baptisé par les Saint-Quentinois, Charlot la Terreur (condamné après la Libération à 15 ans de travaux forcés, il finit ses jours actuellement en Belgique [en 1994]).

Besoin d'armes

A cette époque, nous fûmes avertis par MARECHAL que 2 requis gardes-voies de Saint-Quentin, Moïse GODET et René DELATTRE, qui empruntaient le train pour leurs déplacements et nous renseignaient sur les horaires et contrôles des patrouilles des G.M.R. pour nos actions de sabotage, lui dirent que les G.M.R. du coin, alors armés d'un simple pistolet 7,65 venaient d'être dotés de 9 mitraillettes ou pistolets-mitrailleurs. Vu notre faible armement, une opération de récupération fut décidée. Les parachutages d'armes et d'explosifs annoncés, prévus à chaque pleine lune, étant reportés suite à un automne excécrable. Le 1er eut lieu enfin début janvier près de la sablière du Tiot Berger à Fontaine-Uterte.

Ce jour-là d'octobre, toute l'équipe au complet, peu avant 6 heures, fit irruption dans le poste, désarmant les 3 occupants présents ; la relève arrivant subit le même sort, puis leur chef, Charlot, qui avait sans doute, lui aussi, pris son café chez Marie CHEVALIER.

Celui-ci prit la chose de haut, nous insultant, nous promettant que cela allait nous coûter cher ! S'étant débattu, reçut au passage quelques marrons supplémentaires. Tous durent se déshabiller, de la tête aux pieds, ficelés solidement, baillonnés et descendus à la cave, je crois. Tous les uniformes récupérés furent emportés dans des sacs à patates.

Tout le groupe se replia par le sentier du bord de la rigole du Noirieu, à vélo, jusqu'à la ferme de Fervaques. Une petite alerte dans  le trajet : dans la courbe, face à ma maison natale, un groupe de plusieurs hommes, surpris - et nous aussi - s'évanouirent dans la nature. Avançant prudemment, nous découvrîmes que ceux-ci, sans doute cachés dans les roseaux voisins, étaient en train de braconner en pêchant au filet. (J'ai appris, après la Libération, que c'était une équipe spécialisée de Remaucourt). Leur ayant crié qu'ils n'avaient rien à craindre, qu'ils n'avaient rien vu et ont répondu "d'accord".

Grosse déception

Les mitraillettes annoncées étaient de simples fusils de chasse à canons et crosses sciés venus renforcer l'arment des G.M.R. Responsable auprès du téléphone, j'avais emporté celui-ci que je jetai dans le canal près de la passerelle du garde-canal (Monsieur Beugnier ?).,

M. DALONGEVILLE nous apprit que notre butn fut dirigé vers Lille pour le réseau FARMER dirigé par un copain du Commandant Guy, Michel TROTOBAS, figure légendaire de la Résistance à Lille et qui venait dêtre abattu par la Gestapo ; le Commandant Guy assurant l'intérim.

Moïse GODET et René DELATTRE (encore vivant ce jour - fin 1993 - à Saint-Quentin, copains de l'ANCR) soupçonnés par Charlot MEURISSE furent arrêtés par la Gestapo. Avaient-ils trop parlé ?

Jugés comme communistes terroristes, ils furent déportés à Dachau et eurent la chance d'être libérés.

Cet envoi à Lille de notre butin était, paraît-il destiné à brouiller la Gestapo, une partie du butin étant volontairement tombée en tre leurs mains.

Les ficelés du poste ne furent découverts que vers 10 heures par un collègue venu de Saint-Quentin voir pourquoi le téléphone ne répondait pas.

Des actes méconnus

A part peut-être quelques voisins proches, la population d'Essigny ne connut pas ces faits; La presse locale et régionale, sous contrôle ennemi, se gardant bien, comme à l'habitude, de révéler les actions des terroristes.

 

Photo tirée du livre d'Alain NICE

Photo tirée du livre d'Alain NICE

Dans le livre d'Alain NICE, vous découvrirez l'ensemble des opérations réalisées sur le secteur Bohain-Morcourt.

La Guerre des Partisans

chez

Alain NICE

9, rue de la Tour du Pin

02250 BOSMONT-SUR-SERRE

 

ISBN 978-2-9517592.1.3

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