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Le blog d'Essigny-le-Petit

Les nouvelles de la commune d'Essigny-le-Petit

Fernand Cochet par Raymond Bazin

Publié le 23 Janvier 2016 par jphb

Chef cantonnier à la SNCF, il habitait Essigny une petite maison sur la place derrière le monument, maison qui vient d'être "retapée" (il y a 20 ans maintenant - NDLR), jouxtant la ferme LUX.

Taille moyenne, je l'ai toujours connu vêtu de son éternelle veste de cuir de cantonnier, pantalon de velours, ceinture de flanelle rouge, foulard de la même couleur, la casquette de drap de la SNCF vissée sur la tête.

C'était un Intempérant notoire, au caractère hargneux et vindicatif, bien que certainement grand résistant, je n'ai pas conservé un souvenir enthousiaste de mon chef de groupe de septembre 1943 à janvier 1944.

Pas aussi "con" que ton père

Peu d'atomes crochus nous reliaient. C'est avec peu de sympathie qu'il dut m'accepter dans son groupe, présenté par Maurice DALONGEVILLE.

1ers mots échangés "j'espère que tu ne seras pas aussi "con" que ton père. Car un lourd contentieux existait entre eux. Vers les années 30, mon père, garde-chasse chez M. PONTHIEU, surprit plusieurs fois Fernand COCHET à braconner sur les talus de la SNCF, loués alors à son patron. N'ayant pas voulu s'arrêter de braconner, les gendarmes de Fresnoy durent intervenir et il faillit être condamné et révoqué d'où sa rancune envers le paternel.

Son intempérance lui sauva la vie

Patriote, résistant, témérité frisant l'inconscience, c'est son intempérance qui lui sauva la vie.

Au matin du 26 janvier, son équipe de cantonniers, basée à la gare d'Essigny, venait de prendre son matériel et se dirigeait sur les pistes direction Croix-Fonsomme.

Fernand COCHET, comme à son habitude journalière, fait une halte au bistrot, chez une amie, Marie CHEVALIER (chez Michel Poizot en 2016), prend le café ersatz arrosé de plusieurs gouttes, puis deuxième halte chez le père DUTARQUE, au café du passage à niveau (chez Madame Buvry en 2016) pour plusieurs pousse-cafés.

A sa sortie, l'ayant vu entré, l'attendait le garde-barrières du passage à niveau, Lucien CALONNE (père de mon copain Roger), plus connu à Fonsomme sous le nom d'Homblières, son village natal, pour le distinguer d'un homonyme local. Il y avait à l'époque 3 familles CALONNE différentes non apparentées.

Celui-ci lui fit remarquer une file de voitures, dont plusieurs sinistres Tractions noires de la Gestapo. On lui avait demandé la direction prise par l'équipe de cantonniers qui fut arrêtée dans l'heure qui suivit. Enfermés à la prison de Saint-Quentin, jugés à la Banque Journel, rue d'Isle. Furent fusillés le 8 avril 1944 au stand de tir de la Sentinelle à Saint-Quentin.

En 2016, la résidence Tiers Temps
En 2016, la résidence Tiers Temps

En 2016, la résidence Tiers Temps

Fernand prit le large, ayant, au passage, pris mitraillette et munitions en empruntant le sentier du Tour de Ville passant au bout de son jardin et vint se réfugier chez Albert MAILLARD à Fonsomme, un copain cheminot retraité, se faisant oublier jusqu'à la Libération.

Photo tirée du livre d'Alain Nice - La Guerre des Partisans

Photo tirée du livre d'Alain Nice - La Guerre des Partisans

Une engueulade carabinée

Quand il apprit l'affaire du train de munitions de Noël (voir les récits publiés les 16 & 18 janvier) , Émile FALENTIN et moi eûmes droit à une engueulade carabinée, nous déclarant que nous avions eu tort d'avertir M. DALONGEVILLE, que le chef, c'était lui ! Que lui n'aurait pas laissé passer une pareille occasion, que nous étions de jeunes fascistes (!!!), responsables de la mort de nombreux soldats russes ; bons à dresser, etc; et que nous aurions des comptes à rendre plus tard.

Je me suis toujours posé la question de savoir s'il avait tenu les mêmes propos au commandant GUY.

Après ma démobilisation de la 1ère Armée en 1946, je n'ai jamais eu l'occasion de le revoir

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