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Le blog d'Essigny-le-Petit

Les nouvelles de la commune d'Essigny-le-Petit

Soir de quart dans les bars

Publié le 5 Juillet 2014 par jphb

On est mené.

18 h 50 sur la place de l'Hôtel de Ville : pas d'écran géant pour masquer la façade flamboyante de l'hôtel de ville mais du monde aux terrasses des bars devant de grands écrans. On sent déjà que la victoire a filé dans le camp adverse : seuls, quelques rares coups de trompe ponctuent des conversations où l'on refait déjà le match mais le bleu blanc rouge est toujours là : des joues tricolores, des capes, des maillots aux couleurs de l'équipe favorite, des écharpes, des drapeaux,....

19 h 5 min, dans un resto, à quelques pas de là : des profs fêtent la fin de l'année scolaire. L'ambiance n'y est pas, là non plus. Pas étonnant, dans le fond de la salle, un écran, celui que le patron du resto a descendu de son salon. Et devant cet écran, ils sont là, assis, bien en ligne, comme les plus studieux de leurs élèves (ceux qui ont le bac en poche depuis quelques heures) et ils regardent le match. Peu de frémissements de joie dans la salle. Ce n'est pas gagné. Aux derniers rangs, quelques professeures papotent et rient tandis que dans le patio voisin les enfants des profs savourent leurs premiers instants de vacances. En ont-ils d'ailleurs des vacances ces enfants de prof : ne vont-ils pas visiter des musées, écouter des concerts dans les festivals d'été, remplir des cahiers de devoirs de vacances corrigés chaque soir par leurs profs (pardon, parents).

On a perdu

Presque 20 heures : retour sur la place de l'hôtel de ville. Les premiers groupes quittent l'endroit. lls sont silencieux, ils tiennent nonchalamment leurs drapeaux, ils ont roulé leurs écharpes en boule. Même le bleu, blanc, rouge des joues semble plus pâle. Pas de doute, on a perdu. La place retrouve son calme et seuls restent les consommateurs attablés. Les serveurs, jusque là au repos, se mettent à courir pour satisfaire l'appétit vite retrouvé des clients.

Sacrilège

20 h 30 : tout à coup, une bonne douzaine de séniors bousculent une des barrières qui empêche l'accès à la plage de l'hôtel de ville et vont s'installer sur les fauteuils qui attendent l'inauguration du samedi. Les vigiles, gardiens de la plage, en restent comme deux ronds de flan. Leurs chiens aboient, prêts à en découdre avec ces importuns et semblent dire à leurs maîtres : "Alors, qu'est-ce qu'on attend ?" D'un pas hésitant (comment faire déguerpir ces anciens à qui ont doit le respect. Un jeune, ils savent le chasser ou croient savoir, mais un "vieux" et même pis, douze vieilles et deux vieux, comment faire ?). Ils sont sauvés par l'arrivée de Francis Crépin, le maître carillonneur qui leur explique que les amateurs du carillon sont autorisés à s'installer sur le sable fin avant l'inauguration par le seigneur de ces lieux (*).

Les premières notes jouées par la carillonneuse s'envolent dans le ciel mais ne couvrent pas le son d'une musique qui passait alors inaperçue : du hip-hop sur lequel quelques jeunes se déhanchent et gesticulent. Les pièces jouées au carillon s'enchainent au grand bonheur des mélomanes. Les autres ont parfois du mal à reconnaître les arrangements pour carillon d’œuvres majeures de Vivaldi, Ravel, Offenbach ou de chansons interprétées à l'origine par Jean Ferrat ou Édith Piaf.

Quelques voitures tournent encore dans le centre ville et passent à intervalles réguliers soulignés par des coups de klaxon de plus en plus discrets. Leurs occupants fêtent-ils le bac ?

La place retrouve peu à peu son calme.Un Essignyacois déçu sirote un demi à la terrasse du Carillon. Le prof de philo, après avoir passé la journée à conseiller ceux de ses élèves qui doivent se présenter à l'oral, s’imprègne de l'ambiance....

Les relents âcres des cuisines des brasseries tournant à plein régime gâchent le plaisir de flâner sur la place.

(*) Il s'agit bien sûr de Jean-Paul LESOT, Monsieur Micro des évènements de la ville.

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