La famille de Chauvenet possédait la seigneurie d'Essigny-le-Petit. C'était, bien sûr, avant la Révolution.
Ces seigneurs occupaient le château de Lesdins quand ils n'étaient pas en guerre au service des rois de France.
Hier, le maître des lieux recevait l'office de tourisme du saint-quentinois et sa quarantaine de visiteurs.
Le château de Lesdins, planqué près des premiers méandres de la Somme, n'est pas très visible de la route. C'est dans une quiétude recherchée que Georges Lefaivre nous ouvre les portes de son domaine au bout d'un chemin cahoteux.
Vu depuis la route de Lesdins à Remaucourt
« Les premières traces officielles de ce château remontent à la fin du XVIe siècle. On le retrouve dans certains
textes militaires où mon ancêtre est cité comme habitant dans ce château ». Milan De Chauvenet, officier dans l'armée du roi a en effet été nommé capitaine des gardes de Saint-Quentin, sous les
ordres d'Antoine de Cluny aux environs de 1630. Il rencontre Jeanne Desjardins dont la famille possède près de 400 hectares à Lesdins dont un fabuleux château. C'est depuis le jour de leur
alliance que le château de Lesdins est tombé dans l'escarcelle de la famille De Chauvenet, devenue fratrie Lefaivre.
En s'approchant de la bâtisse
Depuis plus de 400 ans donc, la propriété et le château de Lesdins n'ont pas changé de main. Et pourtant les aléas
de l'histoire ne l'ont pas épargné. « Les guerres successives ont mis à rude épreuve la demeure. De plus, tous mes ancêtres ont servi dans l'armée. À chaque occupation de territoire par l'ennemi,
les biens des officiers étaient les premiers visés par les représailles », commente Georges Lefaivre.
Campagne napoléonienne
En 1814, c'est une nouvelle fois une invasion qui aura raison des murs de Lesdins. Lors du dernier baroud de
Napoléon Ier sur le sol français, les troupes liguées, prussiennes, autrichiennes et russes pénètrent sur le sol français et stationnent près de Saint-Quentin.
Les ruines du château détruit, peut-être, par les Cosaques en 1814
« Là, aucune trace précise ne vient révéler qui a véritablement mis à sac puis brûlé ce château. Cela peut être les
Cosaques, les Autrichiens ou les Prussiens. On est sûr de rien. Ce qui est net, c'est que la mise à sac du château résulte de l'appartenance de mon ancêtre à l'armée napoléonienne. »
Les rouges barres : appareillage de pierres blanches et de briques liées à la chaux
En 1814, du château de Lesdins, il ne reste plus qu'un tas de pierres. Seule la maison du gardien du domaine a
survécu aux passages des troupes armées. « C'est précisément cette construction qui va servir de base à l'édification du château actuel. Les pierres seront récupérées et remontées. Mais c'est bel
et bien la maison du gardien qui sert d'ossature à cette bâtisse », reprend le propriétaire.
L'ancienne maison du gardien, sur la droite du château
Menacé de dynamitage lors de la Grande guerre, le château s'en tire intact. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les
Allemands occupent une nouvelle fois la place, et assignent même à domicile les parents de l'actuel propriétaire. Plus de peur que de mal.
Les carrés de jardin entourés de buis.
Direction le parc du château maintenant et son potager remarquable. Datant de plusieurs siècles, les différents
carrés de cultures sont encore visibles aujourd'hui. « C'est un patrimoine que je tiens à tout prix à préserver. Il ne sera pas détruit, il ne changera pas de mains. Il faut tout faire pour
transmettre ce patrimoine ». En clair, la famille Lefaivre est en route pour le demi-millénaire d'existence à Lesdins.
Publié le mardi 18 août 2009 dans l'Union
La serre, la vigne.
Buste
La tour visible de la route
Le château vu des jardins
Plates-bandes de légumes et aromates
Merci à Monsieur Lefaivre et à son épouse pour cette agréable visite
accompagnée de rafraîchissements et petits fours.
Photos jph
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