"A la rentrée d'octobre 1927, nous fûmes admis, par accord tacite du maire d'Essigny d'alors, Ernest GILLERON (1), à fréquenter l'école communale. Mon premier maître fut Monsieur GRÉCOURT (je crois qu'il devait avoir un fils (2) de mon âge). Ce ne fut pas avec un grand enthousiasme que débuta ma carrière scolaire. Allergique à l'école, à chaque récréation, j'avais pris l'habitude de m'écarter de l'aire de jeux vers le monument aux Morts, près de la ferme d'André LUX et de prendre la poudre d'escampette pour aller me réfugier dans le giron maternel. Les 300 mètres qui me séparaient de celui-ci devaient être parcourus dans un temps record !
Après plusieurs fugues, André BOURQUIN, alors l'un des "grands" de la classe était chargé de me surveiller et au besoin me récupérer. Celui-ci faisait semblant, m'invitant même à le faire, car, à chaque passage chez nous, ma mère lui offrait une grenadine ou une limonade - grand luxe à l'époque.
C'est André, voici quelques années avant sa mort, au cours d'une de nos réunions communes à l'ANACR, qui me rappela ce souvenir d'enfance.
A la rentrée scolaire de 1928 (3), changement de décor, ou plutôt de maître. M. GRÉCOURT fut remplacé par un jeune instituteur de Bohain : M. VILCOCQ. A la fin de l'année, invoquant la classe trop petite pour le nombre d'élèves d'alors et, habitant Fonsomme, nous dûmes, ma soeur et moi, nous rendre (à pied, évidemment) à l'école communale de Fonsomme. J'ai toujours, depuis, gardé une rancune tenace à ce maître éphémère qui me sépara de mes premiers copains de l'époque : LAVILLE, BOCHEUX et sa sœur, Raymond et Berthe HENAPPES, Nelly BOBOEUF, les frères LECOQ et BOURQUIN, René MATHIAS, Marcel GILLET, FOURNET, GUILMAIN, etc...
Ma sœur eut pour institutrice Mademoiselle AVOT, moi, Monsieur Marcel HYNDERICK - avec lequel je fis toute ma scolarité - maître exemplaire à qui je dois tout.
Grâce à son excellente instruction, en 1935, je passai le concours d'entrée à l'école des Métiers de Saint-Quentin, rue Raspail - promotion 35-38, en sortit en juillet 38 avec les CAP d'ajusteur, tourneur et fraiseur et le diplôme d'études pratiques industrielles avec mention (pas mal à l'époque pour un gosse d'ouvrier agricole qui n'aimait pas l'école)."
(1) "Ernest GILLERON, maire, directeur résidant à la laiterie des Fermiers réunis. membre de la Ligue des Droits de l'Homme a eu la chance de ne pas être inquiété par les polices de Pétain et boche." (annotation de Raymond Bazin)
(2) Edgard GRÉCOURT, auteur d'un opuscule sur l'école d'Essigny : "Tatzie ou ma vie à l'école de notre village"
(3) Les années de scolarité semblent erronées. D'après les archives de la commune, le site de Généalogie Aisne et Edgard GRÉCOURT,
ont exercé à Essigny :
- de 1925 à 1928 : Monsieur Fernand LEPREUX
- du 02/01/1929 au 01/07/1932 : Monsieur Amédée GRÉCOURT
- de 1932 à 1934-35 : Monsieur CLÉMENT
- de 1934-35 à 1965 : Monsieur Marcel VILCOCQ