La libération d'Essigny telle qu'elle figure dans l'historique du 15ème bataillon de chasseurs à pied.
"En ce début d'octobre 1918, les Britanniques et l'armée Débeney doivent enfoncer la ligne Hindenburg. Du côté français, cet honneur incombe aux divisions de chasseurs dont fait partie le 15ème bataillon de chasseurs à pied.
Le 6, le 15ème BCAP nettoie Remaucourt (190 prisonniers) ; le 7, le bataillon reste sur les positions conquises.
Le 8, le bataillon, en liaison avec la 47ème D.I., doit attaquer à l'est de Remaucourt et, débordant Essigny par le nord, se rabattre en direction de Courcelles.
L'assaut doit se déclencher à 6 heures 20. Deux compagnies d'attaque : compagnie DOREAU (3ème), compagnie DAVAL (2ème). L'artillerie de renfort n'a pu pendant la nuit gagner ses positions. Malgré ces conditions défavorables, le bataillon, grisé par les succès de l'avant-veille, enlevé par des officiers sublimes de'héroïsme, part telle qu'une meute lorsque sonne l'hallali.
Malheureusement les défenses d'Essigny sont intactes, on ne pourra le prendre ce jour-là, mais le bataillon, qui s'est engagé à fond, ne reculera pas non plus. Les lieutenants Dormien et Levieuge sont tués à la tête de leur troupe, le capitaine Daval grièvement blessé, le lieutenant Picot blessé. A la compagnie Daval, privée de ses officiers dès le début de l'action, le sergent Chognard a pris le commandement et maintient ses derniers chasseurs sous un bombardement d'une violence inouïe. La ligne de repli préparée par l'ennemi va être défendue avec acharnement. La ferme Bellecour au nord de Remaucourt, la ferme Malval au sud, n'ont pu être enlevées ar nos voisins et le bataillon engagé à fond sur les deux rives de la Somme est encore une fois en pointe de l'armée. Le capitaine Doreau aura l'honneur de voir figurer ce fait dans son motif de décoration de la Légion d'honneur.
Malgré une soirée et une nuit terrible, tout le terrain acquis au prix de lourdes pertes sera maintenu.
Dans la nuit du 9, le bataillon, dépassé par le 120 ème R.I., vient bivouaquer dans les abris de la ligne Hindenburg.
Le bataillon, qui pouvait s'enorgueillir à juste titre de la belle citation à l'ordre de la division du mois d'août, est récompensé par une à l'armée qui lui apporte la fourragère, que tous ses frères d'armes lui ont déjà accordée dans leur estime et qu'ils lui souhaitent depuis longtemps.
Après quelques jours de repos dans les tranchées de la ligne Hindenburg, la 46ème Division d'infanterie, le 18 octobre, marchant sur les traces de la 123ème division qui enlève Petit-Verly, Mennevret, est engagée le 19 au matin. Le 15ème bataillon, avec la compagnie Lorgue, établit la liaison entre la 66ème D.I. et des éléments de la 46ème D.I.. Les Allemandes, qui viennent de faire un bond en arrière de 25 km, se ressaisissent au canal de la Sambre derrière lequel ils organisent la résistance et arrêtent notre poursuite.
Le 58ème Régiment d'Artillerie de Campagne et le 6ème Régiment d'Infanterie de Ligne participèrent également à l'attaque et à la poursuite d'Essigny au canal de la Sambre."