Son oncle Gaston lui avait conseillé d'acheter une « mob ». Agnès ne regrette pas.
Elle l'appelle tendrement sa « pétoire. » Agnès Legrand, 54 ans, chevauche chaque jour de la semaine sa vieille mobylette Motobécane, année 1988, machine qu'elle possède depuis une décennie. Cette mère de famille d'Essigny-le-Petit qui travaille à l'école de Lesdins comme aide cantine, femme de ménage et accompagnatrice de bus, est une inconditionnelle de « la bleue », le surnom donné à ce cyclomoteur longtemps fabriqué à l'usine de Rouvroy-Morcourt. « Mon oncle Gaston qui travaillait à Motobécane m'a un jour conseillé d'en acheter une. C'est du costaud me disait-il », rapporte Agnès Legrand. « Ma première Motobécane m'avait été offerte par ma mère, voici plus de 20 ans. C'était une grosse orange, qu'on m'a un jour volé. J'étais très triste. »
Celle qu'elle utilise actuellement est sa 3 e Motobécane. Entre deux, il y a eu une infidélité... avec une Peugeot 103. « C'était nul, elle était plus petite et elle boostait moins. »
Au guidon de sa bleue, notre fringante cyclomotoriste multiplie les allers-retours Essigny-Lesdins, au moins 30 kilomètres par jour, depuis un an et demi et l'entame de son nouveau travail. Son mari René et son beau-frère lui ont réparé le compteur qui affiche un improbable total de « 1 012 kilomètres », assure la bikeuse, au casque gris. « Le seul problème avant, c'était la lumière trop faible, plus faible qu'une lampe électrique. Chez Deplay, ils ont tout encore pour ces mobylettes-là. Ils m'ont changé le globe, j'ai maintenant un bon voltage et tout roule. » Sur son deux-roues du XXe siècle, Agnès Legrand est à l'aise et reconnaissante. « C'est mon outil de travail et ma compagne qui m'emmène partout. » Son mari a voulu lui payer une voiture sans permis. « Sûrement pas. Ma mobylette va plus vite » coupe l'intéressée. ça se garde une « pétoire. »
N.T.